Vaxinano, une spin-off issue des travaux de recherche du Pr Didier Betbeder, a levé 6 millions d’euros pour développer des vaccins nasaux contre les maladies infectieuses.
Une biotech lilloise spécialisée dans les vaccins
Créée en 2016 par Vincent Lemonnier et Didier Betbeder, Vaxinano développe des vaccins administrés par voie nasale et des immunothérapies contre les zoonoses, des maladies transmises des animaux aux humains comme la salmonellose, la grippe aviaire ou la rage. Didier Betbeder, CEO et fondateur de Vaxinano, apporte plus de trente ans d'expérience dans le développement de médicaments, de la recherche fondamentale aux essais cliniques. Il a collaboré avec des entreprises comme Biochem Pharma, GSK, Sanofi Pasteur et Chiron-Novartis, et a publié plus de 110 articles internationaux et déposé 23 brevets.
L’entreprise utilise sa propre technologie, appelée Stellar-Np, pour créer des vaccins contre plusieurs types de parasites, virus et bactéries, avec une seule injection. Leur technologie utilise des nanoparticules d’amidon pour administrer les vaccins par le nez, un avantage pour les pays en développement car ces formulations ne nécessitent pas de chaîne du froid. Contrairement à beaucoup de vaccins actuels, ceux de Vaxinano n’utilisent pas de virus vivants, ce qui réduit les risques d’effets secondaires et de complications.
Vaxinano a réalisé deux premières mondiales : le développement de nouveaux vaccins contre la toxoplasmose et la leishmaniose. À ce jour, la biotech a vacciné plus de 450 primates dans 17 zoos à travers le monde contre la toxoplasmose, avec une efficacité remarquable et sans toxicité, atteignant un taux de protection proche de 100 %.
6 millions d’euros pour les essais cliniques
Après avoir levé 5 millions d'euros en 2023, Vaxinano a réussi à obtenir 6 millions d'euros de plus grâce à Bpifrance, TCD Capital, Captech Santé, Nord France Amorçage et des investisseurs privés. Ils ont aussi choisi de passer par le crowdfunding avec WiSEED pour faire découvrir leur approche et leur travail au grand public. Cet argent va leur permettre de promouvoir leur plateforme et d'accélérer les essais cliniques pour leurs vaccins contre les maladies infectieuses. "Les fonds nous permettront de constituer une équipe de direction de renommée internationale et de développer nos vaccins prometteurs" a déclaré Jonathan Stauber, PDG de Vaxinano, dans un communiqué.
De plus, Vaxinano a noué un partenariat avec Vétoquinol, un laboratoire qui s’occupe de la santé des animaux, pour créer un vaccin contre la leishmaniose chez les chiens. Cette maladie grave, qui peut entraîner la mort des animaux, touche environ 2,5 millions de chiens, dont environ 1 million en France. Elle peut aussi se transmettre de l'animal à l'homme et se propage de plus en plus dans l'hémisphère nord à cause des déplacements et du changement climatique. "Nous sommes ravis de collaborer avec Vaxinano et sa technologie vaccinale révolutionnaire à base de nanoparticules," a déclaré Philippe Gruet, Directeur scientifique de Vétoquinol. "La leishmaniose reste un besoin médical non satisfait, et nous espérons apporter une solution viable au marché de la santé animale et humaine dans les années à venir."
À moyen et long terme, Vaxinano souhaite devenir une entreprise majeure dans le domaine des vaccins administrés par voie nasale pour lutter contre de nombreuses infections parasitaires, virales et bactériennes.
Pour l’instant, l’entreprise cible les animaux mais envisage d’effectuer ses premiers essais chez l’homme dans 2 à 3 ans. La voie nasale pourrait rendre la vaccination plus accessible à un plus grand nombre de personnes. Chaque année, la toxoplasmose entraîne plus de 400 000 avortements, la naissance d'enfants handicapés et une forte mortalité chez les personnes immunodéprimées. La toxoplasmose oculaire, moins connue mais tout aussi dévastatrice, concerne 350 millions de personnes. Le coût de prise en charge et d’hospitalisation lié à la toxoplasmose est estimé à 2 milliards de dollars par an aux USA et il n’existe ni vaccin ni traitement préventif pour cette parasitose.