Après Les Échos-Le Parisien en mai 2023, puis Le Figaro en décembre dernier, c’est au tour du Monde de mettre en place une charte sur l’IA générative. Votée par le comité d’éthique et de déontologie du groupe, elle sera publiée ces prochains jours.
L’IA générative bouleverse le monde des médias
Les outils d’intelligence artificielle (IA) générative ont explosé depuis novembre 2022 et la sortie de l’interface grand public de ChatGPT. Ce chatbot d’OpenAI, capable de générer du contenu textuel en un temps record à la demande de l’utilisateur, a ouvert la voie à bien d’autres outils, que ce soit pour créer du texte, des images ou des vidéos : Bard, Claude 2, Midjourney, DALL-E, D-ID, Synthesia… Leur démocratisation rapide engendre des problématiques dans bien des domaines professionnels, notamment celui des médias. Comment saisir les opportunités de l’IA générative sans détériorer la déontologie des journalistes, ni la confiance du public ?
La presse prend position en publiant des chartes
Pour remédier à cette question, les rédactions doivent prendre des positions éditoriales. Depuis quelques mois, elles sont de plus en plus nombreuses à publier des chartes sur l’usage de l’IA générative, qui font à la fois office de guide interne à suivre et de contrat vis-à-vis du public. Ces dernières permettent de mieux encadrer l’utilisation des outils comme ChatGPT, et donc de fixer une frontière entre ce qui est réel et ce qui est virtuel, ce qui est humain et ce qui est synthétique. En mai 2023, Les Échos-Le Parisien s’est ainsi engagé à ne pas “publier de contenu éditorial généré en totalité ou même partiellement par une IAG sans supervision éditoriale et humaine”. En décembre, les différentes rédactions du Figaro ont décidé de ne proposer “aucun article élaboré par l’intelligence artificielle générative”. Un principe s’appliquant également aux “photographies, illustrations, dessins et vidéos”. À l’étranger, la BBC, le magazine Wired ou encore le média Vox Europe ont aussi expliqué leurs positions éditoriales sur l’utilisation de l’IA. Et dernièrement, c’est le groupe Le Monde qui leur a emboîté le pas.
Pour Le Monde, “en aucun cas l’IA ne peut se substituer à l’humain”
En janvier 2024, la direction du groupe a communiqué, en interne, une charte définissant ce qui est autorisé ou interdit concernant l’usage de contenus automatisés. Le 6 février, dans la rubrique “Le Monde et vous”, quelques précisions ont été apportées. “Nous allons publier dans les jours qui viennent un article expliquant quel est notre usage de l’intelligence artificielle et présentant notre nouvelle charte sur l’utilisation de l’intelligence artificielle générative”, est-il écrit. Votée par le comité d’éthique et de déontologie du groupe Le Monde après consultation des sociétés de journalistes, cette charte explique notamment qu’“en aucun cas l’IA ne peut se substituer à l’humain dans nos productions et réalisations journalistiques”. Cependant, comme Le Figaro et Les Échos-Le Parisien, le groupe de presse ne rejette pas entièrement l’IA générative, qui peut servir à apporter des informations pertinentes, synthétiser des données ou encore aider à la traduction. Mais en cas d’usage de cette technologie, les lecteurs et lectrices en seront “systématiquement et explicitement” avertis.