Cette toute jeune startup a été créée au printemps 2024 après la découverte d’une molécule révolutionnaire comparable à l’ocytocine. Le Cognizor pourrait apporter une solution à trois problématiques de santé majeures : l’autisme, l’alcoolisme et les douleurs neuropathiques. Découverte d’une biotech qui pourrait changer de nombreuses vies.
Après vingt années de recherches intensives, le professeur Marcel Hibert met au point une nouvelle molécule révolutionnaire qui imite l'ocytocine. Baptisée Cognizor, elle offrirait une efficacité et une sélectivité supérieures à l'ocytocine, impliquée dans divers processus physiologiques et comportementaux tels que les interactions sociales, la gestion de la douleur et les dépendances.
L’ocytocine ouvre la voie au Cognizor
Marcel Hibert est professeur émérite de chimie organique à la Faculté de Pharmacie de l’Université de Strasbourg, expert mondial en ocytocine et ancien directeur du Laboratoire d’Innovation Thérapeutique. Il explique que jusqu’ici, "Il n’existait aucune approche thérapeutique qui cible le déficit d’interaction sociale des patients autistes. Depuis le début des années 2000, les biologistes ont montré que l’ocytocine produite par notre cerveau était nécessaire à la compréhension des codes de communication et de construction sociale.”
Mais l'ocytocine ne pouvait pas être utilisée directement comme médicament. Les travaux de recherche du professeur ont mené à la découverte d’une molécule jumelle dotée des caractéristiques requises pour un développement thérapeutique.
La création d’Occentis
Stéphane Mery et Dimitri Dimitriou sont tombés sur le programme de recherche du Professeur Marcel Hibert. Ils créent dans la foulée Occentis et obtiennent la licence exclusive pour pousser le développement et la commercialisation d’un candidat-médicament.
Le Cognizor a déjà montré des résultats prometteurs lors des essais préliminaires sur des animaux. Ces tests, réalisés à l'Université de Heidelberg en Allemagne, ont validé l'efficacité de la molécule Lit-002, provenant du laboratoire strasbourgeois du même nom, notamment sur les problèmes de dépendance à l'alcool.
Soutenue par l'incubateur Semia, Occentis envisage de démarrer les premiers essais cliniques sur des humains pour le traitement de la dépendance alcoolique d'ici 2026.
L’ocytocine, l’hormone de l’amour
Cette hormone naturelle est directement liée aux relations sociales, affectives et amoureuses. Lorsqu'elle est libérée, elle réduit le niveau de cortisol, l'hormone du stress. Elle stimule l'estime de soi, la générosité et l'empathie, tout en renforçant les relations et les liens affectifs. Sa sécrétion est favorisée par des moments passés en famille, les compliments, et des actes de gentillesse. Les niveaux de cette hormone sont généralement plus élevés chez les personnes en couple.
Elle est principalement sécrétée par les femmes lors de l'accouchement, facilitant la montée de lait et la progression du bébé. L'ocytocine avait déjà été synthétisée mais il était encore impossible de l’utiliser en traitement thérapeutique, c'est-à-dire de la faire pénétrer dans le cerveau.
Soigner les dépendances, l’autisme et les douleurs neuropathiques
Cette nouvelle méthode thérapeutique offre des perspectives de traitement pour trois problèmes majeurs de santé publique : l'autisme, l'alcoolisme et les douleurs neuropathiques. Les troubles du spectre de l'autisme affectent aujourd'hui au moins 1 personne sur 100 à l'échelle mondiale.
À l'échelle globale, environ 283 millions de personnes sur les marchés principaux (États-Unis, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Espagne, Japon et Chine) souffrent de troubles liés à l'alcool et recherchent des traitements plus efficaces. Par ailleurs, les douleurs neuropathiques associées au diabète touchent 7,8 millions de personnes dans ces mêmes marchés clés.
Stéphane MERY, Président d’Occentis SAS, développe sa vision sur le site de la startup : “L’ambition d’Occentis est de créer un acteur majeur dans le domaine de la Psychiatrie. Le programme de développement d’analogues de l’ocytocine porté par le Professeur Hibert et Conectus est de loin le projet le plus prometteur de tous ceux que nous avons investigués au niveau mondial. Il représente un mécanisme d’action véritablement nouveau dans le traitement de plusieurs maladies où les innovations sont rares et plus souvent de l’ordre du ‘me too’.”
Lever des fonds pour aller vite
L'urgence est palpable dans la compétition entre les entreprises. En effet, Occentis, n'est pas la seule à explorer activement les potentiels de l'ocytocine. L'entreprise australienne Kinoxis a déjà établi un partenariat stratégique et signé un accord de licence de 180 millions de dollars avec le groupe pharmaceutique allemand Boehringer Ingelheim l'année dernière. Mais Occentis est déterminée à accélérer son développement : ses fondateurs, Stéphane Méry et Dimitri Dimitriou, sont en pleine phase de levée de fonds avec Neurentis, leur entreprise basée en Angleterre qui se consacre au développement d'un patch contre la dépression. Ils espèrent conclure d’ici la fin de l’année une levée de trois millions d'euros.