Le patrimoine culturel a trouvé son nouvel allié : Cryptors in the City, une toute jeune startup française qui réinvente les parcours touristiques à travers des personnages historiques à capturer sur son smartphone. Présentée au CES de Las Vegas, cette initiative a séduit bien au-delà de nos frontières grâce à ses mécaniques inspirées du jeu vidéo.
À l’origine de Cryptors in the City, il y a Louis de Carolis, ancien avocat spécialisé dans les industries culturelles et créatives. Après une décennie passée à accompagner des producteurs artistiques, il décide de passer de l’autre côté du miroir. “À force d’accompagner des projets artistiques, j’ai eu envie de créer le mien”, raconte-t-il pour Pôle Sociétés. Avec Guillaume Mazurage, illustrateur et directeur artistique, et Florent de Carolis, expert en innovation et patrimoine, il fonde Cryptors in the City en septembre 2024. Ensemble, ils imaginent une manière innovante de redonner vie aux monuments et sites historiques en utilisant les codes des nouvelles générations.
L’idée naît d’un constat simple : les panneaux d’information traditionnels sont souvent délaissés par les visiteurs. Cryptors in the City vient les compléter avec une approche ludique et interactive. “On voulait créer le jeu qu’on aurait rêvé d’avoir quand on était gamins”, explique Louis, qui a beaucoup fréquenté les musées avec ses parents dans son enfance. Un concept qui trouve rapidement son public : une plateforme immersive et accessible, pensée autant pour les familles que pour les passionnés d’histoire.
Street Art intelligent et chasse au trésor
Cryptors in the City repose sur un dispositif de Street Art intelligent. Des œuvres en céramique représentant des figures historiques sont installées à proximité des sites emblématiques. En les scannant via l’application mobile, les visiteurs déclenchent une interaction : chaque personnage historique prend vie, raconte son histoire et dévoile des anecdotes sur le lieu où il se trouve. “On a voulu donner une voix aux figures historiques et proposer un vrai dialogue avec elles”, souligne Louis.

Crédit image : Cryptors in the City
Une fois capturés, ces personnages rejoignent la collection de l’utilisateur, qui peut ensuite continuer l’expérience à domicile. Chaque figure historique propose un quiz pour tester les connaissances du joueur. “Si tu réussis le défi, tu débloques un mode conversation où tu peux discuter avec Louis XIV ou Marie-Antoinette par messages, comme si tu leur envoyais des textos”, détaille le cofondateur. Chaque personnalité adopte un ton unique : Louis XIV est majestueux et sûr de lui ; François Sagan est décontractée et moderne. L’objectif : rendre l’histoire accessible et engageante.
L’art au service de l’histoire : le rôle de Guillaume Mazurage
L’univers visuel de Cryptors in the City est l’œuvre de Guillaume Mazurage, alias Mazu, cofondateur et directeur artistique du projet. Illustrateur reconnu pour son style unique, il mêle l’élégance du franco-belge aux codes du manga et du pixel art des années 80, apportant une identité graphique forte aux Cryptors.
“Avec Cryptors in the City, mon objectif était de sortir ces figures historiques de leur cadre classique pour les rendre accessibles et familières aux nouvelles générations”, explique-t-il. Chaque personnage est ainsi réinterprété sous une forme rétro-gaming, tout en restant fidèle à son époque et à son héritage culturel. Un soin particulier est apporté aux détails, des expressions aux costumes, afin de rendre chaque interaction immersive et engageante.
Un modèle économique basé sur les partenariats
Lancée en septembre 2024 à Deauville, l’initiative a rapidement convaincu d’autres villes et sites historiques. Aujourd’hui, 16 œuvres sont déjà installées entre Deauville, Cabourg et le château de Cheverny, et de nombreuses autres devraient suivre. “On discute avec plus d’une centaine de villes et lieux en France”, confie Louis de Carolis.
Le modèle économique repose sur des partenariats avec les collectivités locales, les musées et les sites historiques. “Nous vendons l’expérience sous forme d’un forfait d’installation, puis d’un abonnement annuel pour la maintenance et l’évolution du contenu”, explique-t-il. L’application est totalement gratuite pour les utilisateurs, garantissant ainsi une accessibilité maximale. La startup prévoit également d’intégrer de nouvelles fonctionnalités comme la réalité augmentée et des parcours thématiques (Renaissance, Révolution, etc.).
Un des atouts majeurs de Cryptors in the City est sa capacité à offrir une alternative aux applications de visite traditionnelles. “De nombreux musées et sites touristiques ont développé leurs propres applications, mais les visiteurs ne veulent plus installer une application différente pour chaque lieu”. Avec Cryptors in the City, une seule application suffit pour accéder au patrimoine culturel mis en réseau.
Des ambitions internationales et une levée de fonds en préparation
Le succès rencontré en France pousse désormais Cryptors in the City à s’exporter. Présente au CES de Las Vegas, la startup a attiré l’attention d’acteurs internationaux, notamment au Japon et en Corée du Sud. “Un visiteur japonais nous a dit : 'Ça, ça va cartonner chez nous’”, se réjouit Louis. L’enthousiasme ne se limite pas aux institutions culturelles : des parcs à thème et des villes américaines ont également manifesté leur intérêt.
Pour soutenir son expansion, la startup prévoit une levée de fonds en 2024, avec un objectif principal : accélérer le déploiement commercial et intégrer la réalité augmentée à l’expérience. “On veut passer à l’échelle nationale d’ici cet été, puis s’ouvrir à l’international”, annonce le cofondateur.
L’application est déjà disponible en français, anglais et espagnol, et l’équipe prévoit d’ajouter rapidement d’autres langues, notamment le japonais et le chinois, en réponse à l’intérêt suscité au CES par les visiteurs asiatiques.